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Château des ducs de Bourbon

C'est dans cette aile du Château que l'oeuvre devait être placée à l'origine. Construite quelques années avant la naissance de l'oeuvre, il s'agit du premier bâtiment renaissance de France.

La Naissance de l’œuvre

Au mois de mars 1490, Charles VIII séjourne trois semaines auprès de sa soeur, Anne de France, duchesse de Bourbon. C’est le début de fréquents séjours à Moulins. La fréquence du passage du roi à Moulins a amené Pierre et Anne de Beaujeu à mettre en chantier de nouveaux aménagements et de nouveaux bâtiments pour agrandir et embellir leur demeure. Vers 1495, débute la construction d’une nouvelle chapelle, édifice imposant demandant un tableau d’autel important. Une commande est alors passée auprès du Maître de Moulins d’un retable, c’est-à-dire d’une œuvre posée au-dessus de la table de l’autel, et destinée à aider la prière.

Le Triptyque de la Vierge en gloire encore appelé Triptyque du Maître de Moulins, qui se trouve actuellement dans la cathédrale de Moulins, était donc très certainement destinée à l’origine pour cette nouvelle chapelle.

Le panneau central montre la Vierge de l’Immaculée Conception tenant sur ses genoux l’Enfant Jésus. Sur les volets internes, les donateurs Pierre et Anne de Beaujeu accompagnés de leur fille Suzanne, sont présentés à la Vierge par leurs saints patrons : saint Pierre et sainte Anne. Fermé, le retable présente une nouvelle évocation de la Vierge dans le cadre d’une représentation de l’Annonciation.


La redécouverte de l'oeuvre

Du XVème au XIXème siècle, le Triptyque du Maître de Moulins resta dans son cadre d'origine, la cathédrale de Moulins, sans que personne n'y prête garde. Mais au XIXème siècle, l'œuvre sort de l'ombre, et trois dates marquent l'histoire de sa redécouverte :

1838 : Prosper Mérimée, Inspecteur général des monuments historiques, redécouvre le triptyque, dont les trois parties étaient alors présentées séparément. Ainsi, le panneau central ornait une chapelle baptismale, tandis que les deux volets étaient fixés sur des piliers du chœur. En 1840, le retable est recomposé. Pour ce faire, certains pensent qu'il fallut recadrer le tableau, en redimensionnant l'œuvre, ce qui pourrait expliquer la dissymétrie des panneaux externes. L'un représente en effet la voûte de pierre dans sa totalité, tandis que l'autre n'en dévoile qu'une partie.

1889 : A cette date le tryptique est pour la première fois exposé au public hors de son cadre originel lors de la rétrospective de l'art français à l'Exposition Universelle de Paris. En 1900, il est de nouveau présent à l'Exposition Universelle.

1904 : l'œuvre est présentée à l'exposition consacrée aux primitifs français. Cette exposition permet le rapprochement de plusieurs tableaux qui paraissent appartenir au même artiste, que l'on cherche désormais à identifier. Il s'agit donc du point de départ des recherches sur l'identité du Maître de Moulins.



L'énigme de l’artiste


Mystérieux artiste que ce Maître de Moulins ! Malgré l'importance de son travail, nul ne connaît de façon certaine son identité.
Il ne peut s’agir que d’un peintre de premier plan, comme le montre la richesse de sa palette, l’intelligence avec laquelle il situe ses personnages, la présence modérée de réalisme qui se mêle sans heurt à une vision très graphique.
Dans les archives de l'époque, on l'appelait tout simplement "Maître Jehan le peintre".

Paradoxalement, le peintre dit le Maître de Moulins n’a certainement pas fait sa carrière à Moulins, qui n’est encore qu’une bourgade. Il existe deux centres de création artistique en France à la fin du XVème siècle : celui du Val de Loire lié à l’entourage royale, et celui de Lyon, ville bourgeoise énergique.
Issue de ces deux centres, de nombreuses attributions ont été proposées au cours du XXème siècle. Au début du siècle, plusieurs scientifiques ont avancé l’idée que les œuvres dites du Maître de Moulins étaient en fait un rassemblement d’œuvres de divers peintres. Aujourd’hui, l’ensemble des spécialistes sont d’accord pour attribuer le corpus des oeuvres à un artiste unique.

Les candidats les plus importants sont, ou ont été, Jean Pérréal, Jean Bourdichon, Jean de Rouen, Jean Hey et Jean Prévost.