Née en 1491, la princesse Suzanne est la seule enfant du couple ducal qui ait survécu.

Mains jointes, le regard triste, elle semble pétrifiée dans le costume d'apparat qui l'emprisonne. La tête couronnée d'un chapel d'orfèvrerie, elle est habillée d'un corset de velours grenat décoré d'hermine sur lequel court une bande de brocart. On retrouve les mêmes motifs de pierreries que sur le vêtement de sa mère. L'étude du dessin sous-jacent a révélé que le peintre lui avait d'abord donné un vêtement d'enfant. C'est sans doute sur l'ordre d'Anne de Beaujeu qu'il la représente vêtue comme une adulte, dans un vêtement aussi riche : Anne veut affirmer sa fille comme héritière du couple à une époque où la transmission des biens se fait surtout aux hommes.

Loin d'avoir la grâce des anges, cette figure enfantine mêle des impressions contradictoires : celle de la jeunesse avec le bout du nez et le menton arrondis, et celle de la vieillesse avec un front trop grand pour son âge, sans doute les cheveux épilés comme sa mère.

En soulignant d'un trait rond le menton, les ailes des narines, les cernes des joues et en n'hésitant pas à la montrer si laide et chétive, le peintre révèle son goût du réalisme.